De Narmer à Nasser, l’auteur évoque la communication intelligente entre l’homme, la terre et l’eau, riche en réalisations et symboles et il souligne les ambitions parfois démesurées des lointains successeurs des pharaons qui pensaient détenir le monopole des eaux du fleuve. Pour emmagasiner ces eaux, le haut barrage fut défi au monde occidental et rupture avec la grande intelligence hydraulique des pharaons : l’auteur montre qu’un barrage plus modeste, à l’amont, eut suffi, épargnant la basse Nubie et ses temples, les crues étant rejetées latéralement dans la dépression de Tochkla déjà bien connue des pharaons. Erreur de conception tardivement reconnue, puisque c’est dans ce site que sont depuis peu rejetées les crues du fleuve. Du même coup, Tochkla est devenu point de départ d’une nouvelle vallée, celle des oasis. Vallée de l’espoir pour les égyptiens, mais pour les pays d’amont, vallée de la colère parce que gouffre d’eau. Ils menacent de développer des irrigations tout au long du fleuve retenant l’eau qui arrose la plaine d’Égypte : le lac Nasser deviendra une sorte de mer d’Aral aux eaux de plus en plus basses découvrant un envasement déjà abondant et l’Égypte, renonçant à sa nouvelle vallée, verra dépérir son agriculture.
Jean Kerisel
Le Nil, le fleuve des ancêtres – Le temps des pharaons : leur intelligence de l'eau – XIXe siècle : la survivance de la gloire des pharaons – L'Égypte des temps modernes – Le Nil, source de grands conflits au XXIe siècle – Défis égyptiens aux riverains des fonds supérieurs et menaces de ceux-ci.